Le lexique

Salon, touche, plein air... retrouvez ici le vocabulaire qui permet de bien comprendre l'impressionnisme dans son contexte.

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Académie

L’Académie des Beaux-arts est une des cinq académies qui forment l'Institut de France. Son rôle est de promouvoir la création artistique et de rassembler les élites. Elle veille au bon fonctionnement des institutions artistiques notamment l’école des Beaux-arts. Si elle ne définit pas un goût ou un style, elle est néanmoins garante de la tradition. Par extension, l’académisme est opposé à l’avant-garde.
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Avant-garde

Terme emprunté au vocabulaire militaire pour désigner ce qui opère une rupture avec le langage du temps présent, ce qui est en avance sur son temps: mouvement artistique d'avant-garde. Désigne des courants novateurs ou contestataires affirmés en rupture avec les normes et les conventions établies.
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Atelier

Lieu où l'artiste travaille, crée ses œuvres, reçoit éventuellement ses acheteurs ou ses mécènes. L'atelier est également le lieu d'enseignement par le maître et d'apprentissage par les élèves : des ateliers se constituent autour de peintres et de sculpteurs, intégrés à l’École des beaux-arts (l'atelier de Thomas Couture ou celui de Fernand Cormon par exemple ) ou organisés en dehors de celle-ci (l'Académie Suisse notamment). Ainsi, Charles Gleyre dirige à la fois un atelier à l’École des beaux-arts et un atelier libre - où se rencontrent certains des futurs impressionnistes. Comme certains artistes avant eux, à l'instar de Charles Daubigny qui installe son atelier sur un bateau dès 1857, les impressionnistes vont sortir de l'atelier et expérimenter le plein-air*. Même s'il n'est plus alors le lieu principal de la création - encore que quelques artistes y demeurent comme Edgar Degas - l'atelier reste un lieu de vie et de partage d'expériences communes réunissant les artistes impressionnistes. Plusieurs d'entre eux partagent en effet un atelier. Ce dernier est fréquemment représenté en peinture, tout au long du XIXe siècle, comme dans la toile L'atelier de la rue Condamine de Frédéric Bazille (1870, musée d'Orsay). Cette représentation manifeste tout autant les enjeux d'un programme artistique que l'affirmation d'un statut social et la revendication de l'appartenance à un groupe.

C

C

Cercle chromatique

Représentation en forme de cercle d’un système ordonné de couleurs. De nombreuses théories et autant de modèles de cercles existent (Newton, Goethe, Schopenhauer, Chevreul, Rood, Itten …). Les couleurs du spectre de l’arc‑en‑ciel sont disposées en cercle, du rouge au violet. En général, les couleurs complémentaires sont diamétralement opposées. Le cercle oppose ainsi les couleurs primaires et les couleurs secondaires.

E

E

Empâtement ou Empattement

Relief obtenu par l’application d’une épaisse couche de peinture ; accumulation de la peinture en épaisseurs sensibles.
Les empâtements sont ainsi les traces des gestes, des outils. Ce sont des éléments extérieurs à la représentation mais liés au processus de création. En effet, l'épaisseur sera diverse selon que l'artiste emploie un pinceau, une brosse, un couteau à palette, ses doigts. La qualité de l'empâtement dépend aussi de la nature de la matière picturale : des pigments et de leurs liants.
L'empâtement donne une tactilité à la couche picturale, une matérialité qui peut avoir des effets sur la perception de la couleur et constitue également un marqueur de la facture de l'artiste.
L'empâtement s'oppose à différentes manières de poser la matière picturale sur le support, comme le glacis ou l'aplat.

G

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Glacis

Peinture à l’huile fluide composée majoritairement d’huile et peu chargée en pigment. Il en résulte une transparence qui permet, grâce à la superposition des couches, de créer des effets de textures, de nuances et de profondeur. Ces couches sont superposées la précédente étant déjà sèche.
G

Genre (genres picturaux, hiérarchie des genres)

Mot qui désigne les grandes familles d’œuvre (portraits, paysages, natures mortes…). Selon l’Académie, à partir du XVIIe siècle, la peinture d’histoire (qui inclut la peinture religieuse et mythologique) est le genre le plus élevé. Viennent ensuite le portrait, le paysage et la scène de genre. La nature morte est le dernier échelon dans cette hiérarchie. Celle-ci s’applique également aux autres arts (sculpture, dessin). Elle est remise en cause par les artistes à de multiples reprises.

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Jury

Les œuvres présentées au Salon annuel ont au préalable été approuvées par un jury qui est formé d’artistes élus par leurs pairs ou d’académiciens choisis par l’administration des Beaux-Arts. Ses décisions font toujours l’objet de débat et son existence même n’a eu de cesse d’être critiquée tout au long du XIXe siècle.
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Marchand

La fonction d’intermédiaire entre l’artiste et l’acheteur existe depuis longtemps, mais c’est au XIXe siècle qu’elle se spécialise pour devenir un véritable métier. Cette évolution s’ancre dans un contexte de profonde transformation de la sphère artistique, qui évolue d’une organisation très institutionnelle à un marché de l’art plus ouvert. Les galeries des marchands deviennent des lieux d’exposition importants. Les marchands offrent donc de nouveaux débouchés pour les artistes. Certains marchands ont jouer un rôle essentiel dans la promotion des œuvres et de la carrière d’un artiste. Ce fut le cas de Paul Durand-Ruel qui, sans jamais perdre de vue ses enjeux économiques, a très tôt et très longtemps, soutenu les impressionnistes.

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Néo-impressionnisme

Mouvement dont la période d’activité la plus foisonnante se situe à la toute fin du XIXe siècle (après 1885), et qui s’inscrit en relation avec l’impressionnisme : après la dispersion du groupe, ses héritiers cherchent à en opérer une réforme et une synthèse. Les néo-impressionnistes reprennent l’écriture par touche et la vision vibrante. Cette réforme, visant à plus de méthode et moins d’instinct, s’appuie sur une technique divisionniste (touches ou points de couleurs pures juxtaposé·e·s, la synthèse des couleurs s’effectuant par mélange optique : un point rouge collé à un point vert donne l’impression d’une surface jaune dans l’œil du spectateur).
Parmi les principaux représentants, dans la décennie 1880-1890 environ, se rencontrent Seurat, Signac, Pissarro, Cross, Angrand, Luce, Van Rysselberghe. L’expérience néo-impressionniste a une postérité très féconde dans de multiples directions, tant dans le sens du cubisme (une décomposition très cérébrale) que dans celui du fauvisme (l’aspect émotionnel de la couleur).
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Nature morte

Représentation d’objets, de végétaux, de nourriture ou d’animaux sans vie. Sujet constitué d'objets inanimés (fruits, fleurs, vases, etc.) ou d'animaux morts.
Par extension, tableau représentant une nature morte.

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Plein-air

La peinture de plein-air s'oppose à la composition de la toile dans l'atelier, même après une esquisse ou une pochade sur le motif. Les impressionnistes n'inventent pas le plein-air. Dès la fin du XVIIIe siècle, Pierre-Henri de Valenciennes conseille à ses étudiants d'étudier leurs paysages en plein-air ; Joseph W.M.Turner travaille l'aquarelle sur le motif pour préparer ses huiles tandis que les peintres de Barbizon se mettent à peindre en extérieur. La peinture sur le motif est très dépendante de l'évolution du matériel et des fournitures artistiques : chevalet portatif, châssis entoilé et tube de peinture refermable (pigments et liant sont directement mélangés dans un tube, rendant le medium immédiatement utilisable) se développent dans la première moitié du XIXe siècle. Ainsi, si les impressionnistes ne sont pas les premiers à peindre sur le motif, ils innovent par l'importance systématique accordée au plein air, de longues heures durant, pour aboutir à l’œuvre définitive (et non plus de simples notations destinées à un travail ultérieur dans l'atelier) et par l'importance nouvelle donnée à la vision plus qu'au motif.
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Post-impressionnisme

Le terme, forgé par le critique d’art Roger Fry en 1910, désigne une période et une nébuleuse de mouvements et d’expériences artistiques qui s’inscrivent dans un héritage et une réaction par rapport aux leçons impressionnistes. Ainsi, des artistes comme Cézanne, Seurat, Van Gogh, Gauguin s’appuient sur les avancées des impressionnistes tout en s’en éloignant pour suivre une démarche propre. Dès la fin des années 1880, la critique constatait la fin de l’impressionnisme arrivé à ses limites et la diversité des nouveaux styles issus des amitiés, batailles, réactions, leçons, remises en question à sa suite.
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Portrait

Représentation, d'après un modèle réel, d'un être (surtout d'un être animé) par un ou une artiste qui s'attache à en reproduire ou à en interpréter les traits et expressions caractéristiques. Le portrait peut être de tête, en buste, à mi-corps, de trois quarts, en pied (portrait représentant une personne entière, debout ou assise).
Sujet traité, genre pratiqué par l'artiste qui se livre à une telle représentation.

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Réalisme

Tendance littéraire et artistique du XIXesiècle, qui privilégie la représentation exacte, non idéalisée de sujets inspirés du monde réel : on représente tels qu'ils sont la nature, les hommes (pas seulement les héros, mais aussi les hommes et les femmes de la rue, de la compagne, au travail) et la société.
Du point de vue littéraire, le réalisme se situe ainsi entre le romantisme et le symbolisme. Pour l’histoire de l’art, le terme de réalisme, dans son sens strict, s'applique à un courant qui fait son apparition durant les années 1840, et dont certaines composantes essentielles cristallisent à l'occasion de la révolution de 1848. La figure de proue en est Gustave Courbet, mais le courant artistique n’a pas de doctrine précise. Stylistiquement, le réalisme refuse l’idéalisation ; thématiquement il privilégie des scènes de la vie quotidienne, bouleversant la hiérarchie des genres.

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Salon

Depuis sa création en 1648, l’Académie des Beaux-arts organise des expositions des artistes vivants. Elles deviennent régulières au début du XVIIIe siècle et prennent le nom de Salon. Si la périodicité de ces manifestations a pu évoluer au cours du temps, à l’époque impressionniste, le Salon se tient tous les ans à Paris. C’est la plus grande manifestation artistique et donc pour les artistes, le lieu pour se faire connaître. Mais l’entrée du Salon est barrée par un jury qui accepte ou refuse les œuvres présentées par les artistes et leur attribue des médailles. Très contesté tout au long du XIXe siècle, le jury et le Salon sont réformés à plusieurs reprises jusqu’à sa dissolution en 1881 qui aboutit à la création de différents Salons et expositions.
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Symbolisme

Mouvement littéraire et pictural de la fin du XIXe siècle, qui fonde l'expression artistique sur une vision significative, symbolique et spirituelle du monde en réaction contre la vision réaliste. Les poètes et les peintres symbolistes rejettent le naturalisme et le positivisme, préférant l’évocation du monde de l’esprit, de la pensée et de l’imaginaire. En ceci, le symbolisme hérite directement de la subjectivité romantique et influence les expériences surréalistes du siècle suivant. Toutefois, le symbolisme en art n’est pas un mouvement aux contours délimités mais une nébuleuse dispersée, pour laquelle la défense de l’idée, la tendance idéaliste, vient avant les considérations sur la forme.
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Scène de genre

Peinture représentant une ou plusieurs personnes anonymes dans une scène de la vie quotidienne. Peinture dont les sujets sont des scènes de la vie quotidienne, des animaux, des natures mortes.

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Tube de peinture

Jusqu'au XIXe siècle, l'artiste doit mélanger sur la palette les pigments et le liant choisi, afin de peindre à l'huile. L'opération est contraignante et peu pratique en dehors de l'atelier. Ainsi, l’invention du tube de peinture souple - que l’on peut fermer hermétiquement, ouvrir, reboucher sans que la matière ne sèche et qui permet une utilisation immédiate du médium sans avoir à mélanger au préalable pigments et liant - est un catalyseur important dans le développement de la peinture de plein air au milieu du XIXe siècle. Les prédécesseurs des impressionnistes en sont grandement dépendants. Le brevet du tube de peinture en métal souple est déposé en 1841 par le peintre américain John Goffe Rand. D’autres changements dans les fournitures, comme les chevalets portatifs ou les châssis entoilés, participent de ces évolutions vers le plein air.
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Touche

Action, manière de poser, d'appliquer à l'aide du pinceau la peinture sur la toile ; par métonymie, couleur appliquée d'un seul coup de pinceau ; résultat du coup de pinceau. La touche désigne la matière picturale appliquée d’un seul coup de pinceau sur le support. Le terme peut également désigner plus largement la manière dont le peintre travaille. C’est en quelque sorte « l’écriture » du peintre.

Définitions

Pour aller plus loin, abordez toutes les acceptions du terme impressionnisme