Paul Durand-Ruel

Marchand
Par ​Claire Durand-Ruel Snollaerts
  • Naissance 31 Oct 1831, Paris
  • Mort 05 Fév 1922, Paris
  • Nationalité Française

Marcellin Desboutin, Portrait de Durand-Ruel, estampe, Paris, Bibliothèque Nationale de France. Source: Bnf/Gallica.

Marcellin Desboutin, Portrait de Durand-Ruel, estampe, Paris, Bibliothèque Nationale de France. Source: Bnf/Gallica.
  • Biographie
  • Dates clés
  • Bibliographie

“ «J’ai été, en somme, un bien mauvais marchand de tableaux, car je n’ai pas aimé ce qui se vendait, et ce que j’aimais, je ne réussissais pas à le vendre [1] ​». ”

Paul Durand-Ruel

Jean-François Millet, L'Angélus, entre 1857 et 1859, huile sur toile, 55,5 x 66 cm, Paris, musée d'Orsay. Source : Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Celui qui prononce ces mots est Paul Durand-Ruel, l’un des plus grands marchands d’art du XIXe siècle. Quand il débute sa carrière à Paris en 1865 ce qui se vendait le mieux était encore la peinture académique et ce que lui aimait furent en premier les œuvres des artistes de Barbizon, puis des années plus tard celles des impressionnistes.

Paul Durand-Ruel fut un marchand à contre-courant du goût de son époque et c’est au prix de travail, de patience et de longues années de luttes qu’il gagna le pari d’imposer sur la scène artistique française et internationale une peinture nouvelle et révolutionnaire, dénommée l’impressionnisme.

Paul Durand-Ruel est le second marchand d’une longue dynastie. Il succède à son père Jean qui s’était établi, en 1825, comme marchand de couleurs rue Saint-Jacques (Paris). C’est de son père, dont la galerie se distinguait déjà par la défense des artistes refusés au Salon officiel [2], que Paul Durand-Ruel tient son goût pour l’audace et la nouveauté. Peu à peu, son établissement se transforme en galerie et Paul Durand-Ruel va poursuivre, en dépit d’une vocation de missionnaire et de militaire, la défense des artistes commercialisés par son père.

​Durand-Ruel avant l’impressionnisme

Le point de départ de la vocation de marchand de Paul Durand-Ruel date de l’Exposition Universelle de 1855, où il découvre le travail d’Eugène Delacroix : « C’était le triomphe de l’art vivant sur l’art académique… (Ses œuvres) m’ouvrirent définitivement les yeux [3] ​». Convaincu de son talent, il achètera par la suite plus de cent soixante de ses toiles. Qui poussait la porte y trouvait en quantité considérable des peintures des artistes de l’École de Barbizon, tels Camille Corot, Jean-François Millet, Jules Dupré, Charles-François Daubigny, Antoine-Louis Barye ou Théodore Rousseau ainsi que de la peinture contemporaine anglaise, avec Richard Parkes Bonington et John Constable. Pendant 15 ans, il participe à la promotion de leur art. En 1872, il acquiert les vingt-trois toiles de l’atelier  d’Edouard Manet et devient ainsi le seul marchand [4] d’un artiste qui fait encore souvent scandale. Au total il a acquis plus de cent trente œuvres, parmi les quatre cent trente connus de Manet [5].

Édouard Manet, La Femme au perroquet, 1866, huile sur toile, 185.1 x 128.6 cm, New York, Metropolitain Museum of Art. Source : https://www.metmuseum.org/art/collection/ Public domain

Edouard Manet, Claire de lune sur le port de Boulogne, huile sur toile, 81,5x101cm, Musée d'Orsay, Paris, France. Source: RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay)/ RMN

Catalogue de la Galerie Durand-Ruel: recueil d'estampes, gravées à l'eau forte, 1873, Paris. Source: archive.org

La rencontre avec les impressionnistes

Ce n’est non pas à Paris mais à Londres que débute pour Paul Durand-Ruel la grande aventure impressionniste. Alors que les Prussiens envahissent la France en 1870, nombreux sont ceux qui cherchent refuge à l’étranger. Et c’est à Londres que le marchand met à l’abri sa famille et son large stock de peintures des artistes de l’École de Barbizon. Jusqu’en 1875, il y loue une galerie – la German Gallery – située New Bond Street, d’où il poursuit ses activités. Il y retrouve l’un de ses protégés, Daubigny, qui lui présente alors deux jeunes artistes aussi exilés : Claude Monet et Camille Pissarro. Séduit par leurs œuvres londoniennes, il les achète, tout en les introduisant dans les expositions qu’il organise dans la capitale anglaise.

En 1873, le marchand exprime publiquement ses goûts en publiant un Recueil d’estampes [6] réunissant, entre autres, vingt-six Delacroix, vingt-huit Corot, sept Courbet, vingt-huit Millet, vingt et un Rousseau, vingt-huit Dupré, dix Diaz de sa collection, ainsi que vingt-huit peintures d’artistes encore mal connus, que Louis Leroy dénommera l’année suivante les Impressionnistes.

Claude Monet, La Tamise et le Parlement, 1871, huile sur toile, 47x72,5cm, Londres, National Gallery. Source: National Gallery, Public Domain.

Les relations entre le marchand et ses artistes furent toujours basées sur une confiance réciproque, sans la signature du moindre contrat. Pour mieux défendre ses « protégés », Paul Durand-Ruel exige l’exclusivité et le premier regard sur les œuvres sortant de leurs ateliers [7]. Dans la mesure de ses moyens, son engagement était tel qu’il pourvoit financièrement à toutes les dépenses des peintres afin qu’ils puissent travailler en toute tranquillité d’esprit : achat de leurs matériels de couleurs, financement de leurs campagnes de travail, paiement de leurs loyers et tous frais divers et variés. Aussi, il les expose sans relâche dans ses galeries, ainsi que hors les murs, en France et à l’étranger, et il soutient leurs cotes en ventes publiques. Or, au moment où il rencontre les impressionnistes, un événement tragique bouleverse sa vie : veuf à quarante ans, il dira que privé des conseils de son épouse, « rien ne m’arrêtera plus dans la voie dangereuse où m’avaient poussé ma passion pour les belles œuvres de nos grands artistes et ma conviction que le succès viendrait bientôt récompenser nos efforts [8]». Nous sommes en 1871 et déjà il scelle son destin à cette génération d’artistes. Quant au succès, il n’arrivera que vingt ans plus tard…

“ On vient d’ouvrir chez Durand-Ruel une exposition, qu’on dit être de peinture […] Cinq ou six aliénés, dont une femme, un groupe de malheureux atteints de la folie de l’ambition, s’y sont donné rendez-vous [9]. ”

Albert Wolff, Le Figaro, 1876

Nadar, Atelier de Nadar au 35, boulevard des Capucines à Paris, 1861-1872, Paris, Bibliothèque nationale de France. Source : BnF - Gallica.

En 1874 a lieu chez Nadar la première exposition du futur groupe des impressionnistes qui n’est un succès ni pour les artistes, ni pour le marchand, comme il s’en souvint : « Quant à moi, coupable d’avoir présenté et d’oser défendre des œuvres pareilles, je fus traité de fou et d’homme de mauvaise foi [10]. » Peu à peu, ses meilleurs clients l’abandonnent. C’est ainsi qu’entre 1875 et 1879, il n’achète plus rien, faute d’argent. Les expositions prennent alors le relais sur les achats dans la galerie où il accueille en 1876 leur seconde manifestation de groupe. Pour renflouer ses caisses, il a alors l’idée de faire un emprunt. En 1880, la banque de l’Union Générale lui accorde des crédits qui lui permettent de reprendre ses acquisitions. Or, la banque fait faillite en 1882 et il est à nouveau ruiné. Malgré ses difficultés et les critiques négatives, il poursuit ses expositions, seul moyen de promouvoir ses artistes. En 1883, il montre tour à tour dans sa galerie parisienne de grandes expositions monographiques de Boudin [11], Monet [12], Renoir [13], Pissarro [14] et Sisley [15], finalement convaincu  que les expositions individuelles permettent à l’amateur d’avoir une vue d’ensemble des créations et des avancées de chaque artiste.

“ Ce n’était pas une chose facile et à la portée de tout le monde de les apprécier immédiatement [16]. ”

Paul Durand-Ruel

Claude Monet, Le Pavé de Chailly, 1865, huile sur toile, 43,5x59,3cm, Paris, Musée d'Orsay. Source: RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

A la conquête de l’Amérique

La bonne fortune, pour Durand-Ruel et ses artistes, vient d’Amérique [17]. En 1886, invité par James Sutton, le directeur de l’American Art Association, il expose à New York les « Impressionists of Paris », avec trois cents toiles. Soutenu par l’artiste américaine du groupe impressionniste, Mary Cassatt, il est reconnu par les Américains comme le défenseur de l’école de Barbizon, le public se presse avec curiosité pour découvrir cette « nouvelle peinture [18] » tant décriée à Paris. Malgré l’inquiétude de ses artistes restés en France [19], cette manifestation est un succès et marque la première reconnaissance de cette peinture d’avant-garde. Dès 1888, le marchand ouvre une succursale à New York, dans laquelle ses fils ne ménageront pas leurs efforts pour le seconder dans sa tâche. Paul Durand-Ruel puise dans l’important carnet d’adresses de Mary Cassatt [20] pour écouler son stock de tableaux classiques et impressionnistes chez les plus riches collectionneurs américains. Ce salut lui permet enfin de rembourser ses dettes ayant dit-il « un ami en chacun de mes créanciers [21]». C’est d’ailleurs un dessin de Mary Cassatt qui illustre le premier numéro de la revue L’Art dans les Deux Mondes, créée par le marchand dès 1890, afin de promouvoir ses artistes aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis [22].

L'art dans les deux mondes, journal hebdomadaire illustré, n°1, couverture. Source : Gallica / Bibliothèque nationale de France

À partir de 1890, Paul Durand-Ruel reprend activement ses achats de toiles de peintres impressionnistes, dont la cote grimpe de plus en plus [23].  En organisant chaque année dans sa galerie de grandes manifestations individuelles préfacées par d’influents critiques d’art, le marchand atteste sa capacité à suivre au plus près le travail de ses artistes [24]. C’est notamment chez lui que Monet expose la majorité de ses séries [25]. L’exposition impressionniste la plus spectaculaire du XXème siècle reste celle de la Grafton Galleries [26] à Londres, en 1905, qui réunit plus de trois cents de ses chefs-d’œuvre.

Lorsqu’il s’agit de la promotion de ses artistes, Paul Durand-Ruel ne manque pas de créativité. Pour convaincre les amateurs que l’on peut vivre très convenablement, lorsque l’on est un grand bourgeois dans un appartement rempli d’œuvres impressionnistes, il les reçoit chez lui rue de Rome. Ses murs sont tapissés des plus grands chefs-d’œuvre de Renoir, Degas, Pissarro et Sisley. Et les doubles portes de son salon sont décorées de fleurs et de fruits par Monet. Comme l’ont noté les frères Goncourt, cet appartement était « un curieux habitacle [27]», véritable écrin de l’impressionnisme.

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“ Ils auront beau faire, ils ne vous tueront pas votre vraie qualité, l’amour de l’art et la défense des artistes avant leur mort. Dans l’avenir ce sera votre gloire, car vous êtes le seul qui ayez pensé à cette chose naturelle [28]. ”

Paul Durand-Ruel cité par Renoir.

Edgar Degas, Fin d'arabesque, 1877, peinture à l'huile et à l'essense, pastel sur toile, 67,4x38cm, Paris, Musée d'Orsay. Source: Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/ Patrice Schmidt.

Le dernier combat de Paul Durand-Ruel débute à partir du milieu des années 1895. C’est avec le même engagement moral et financier qu’il soutiendra, jusqu’à leur mort, une troisième génération d’artistes dont l’esthétique est dans la lignée de leurs prédécesseurs. Albert André, Gustave Loiseau, Maxime Maufra, Henry Moret et Georges d’Espagnat sont les post-impressionnistes de la galerie Durand-Ruel.

Entre 1891 et 1922, l’année de sa mort, le marchand aura acheté près de 12000 œuvres, dont plus de 1000 Monet, 1500 Renoir, 800 Pissarro, 400 Degas, Sisley et Mary Cassatt. Le critique d’art Gustave Geffroy a donc bien raison de rappeler qu’il « constitua le plus merveilleux musée de peinture contemporaine qui soit en France [29]».

À l’instar de son père Jean, Paul Durand-Ruel passe le flambeau à ses fils Joseph (1862-1928) et Georges (1866-1931), puis ses petits-fils Pierre (1899-1961) et Charles (1905-1985), pour assurer la continuité de son engagement auprès des trois générations d’artistes qu’il a défendues jusqu’en 1974, date de l’ultime exposition organisée par la galerie parisienne [30]. Cette manifestation rendait hommage au grand marchand tout en célébrant le centenaire de l’impressionnisme. Dès lors la galerie devient les « archives de l’impressionnisme [31]».

Laissons le mot de la fin à Paul Durand-Ruel, un homme qui voua, avec la foi d’un missionnaire ou d’un militaire, sa vie à la défense des artistes de son temps : “Enfin les maîtres impressionnistes triomphaient comme avaient triomphé ceux de 1830. Ma folie avait été sagesse. Dire que si j’étais mort à soixante ans, je mourais criblé de dettes et insolvable, parmi des trésors méconnus” [32]

“ Ma folie avait été sagesse. Dire que si j’étais mort à soixante ans, je mourais criblé de dettes et insolvable, parmi des trésors méconnus [32]… ”

Paul Durand-Ruel

[1] Arsène Alexandre, « Durand-Ruel. Portrait et histoire d’un marchand », Pan, novembre 1911.
[2] En 1863, le jury du Salon refuse un tableau du peintre orientaliste et naturaliste Prosper Marilhat (1811-1847). Ce tableau est acheté peu de temps après par le Prince de Joinville, un des fils du roi Louis-Philippe 1er, à la galerie Durand-Ruel. Dans ses souvenirs, le Prince raconte avoir été réprimandé par le Roi pour cet achat d’un tableau d’un artiste refusé au Salon.
[3] Avec la maison Durand-Ruel comme éditeur, Lionello Venturi publie en 1939 les mémoires de Paul Durand-Ruel dans son ouvrage intitulé Les Archives de l’impressionnisme. Ces mémoires ont été revues, corrigées et annotées par Paul-Louis Durand-Ruel et Flavie Durand-Ruel, Flammarion 2014 (en français et en anglais) dans l’ouvrage intitulé : Paul Durand-Ruel, Mémoires du marchand des impressionnistes. Une nouvelle édition a été mise à jour en 2024.  Dans ce texte, les références sont issues des Mémoires publiées en 2014. Mémoires, 2014, p. 19.
[4] Paul Durand-Ruel découvre pour la première fois le travail de Manet dans l’atelier d’Alfred Stevens, lors d’une visite en janvier 1872. Manet y avait déposé deux tableaux dans l’espoir que Stevens trouve un acquéreur. Il s’agissait du Port de Boulogne au clair de lune (Paris, musée d’Orsay) et Le Saumon (Shelburne, Shelburne Museum), achetés sur le champ 800 francs chaque par le marchand.
[5] Parmi ces œuvres, on peut citer Le Fifre (Paris, musée d’Orsay), La Femme au perroquet (New York, Metropolitan Museum of Art), Le Combat du Kearsage (Philadelphie, Philadelphia Museum of Art) et Le Christ mort et les anges (New York, Metropolitan Museum of Art).
[6] Entre 1873 et 1875, la galerie Durand-Ruel publie, sous forme de trente livraisons, un recueil d’estampes gravées à l’eau-forte des trois cents plus importantes œuvres de sa collection, allant de l’école de Barbizon aux débuts de l’impressionnisme.
[7] Dans cet extrait de lettre de Jean-François Millet à Paul Durand-Ruel, on comprend que l’artiste applique la méthode de travail de son marchand : “Je vous promets tous les tableaux que je ferai à partir de maintenant, comme vous me le demandez et j’ai déjà commencé l’exécution de ma promesse en n’acceptant pas les demandes de Brame et de Febvre qui sont venus ensemble Jeudi dernier. (…) Febvre m’a demandé de ne pas l’oublier dès qu’il y aura possibilité, je lui ai répondu que je n’y manquerais pas, mais qu’il était impossible de savoir quand cette possibilité me viendra. C’est donc une chose entendue entre nous. » Mémoires, 2014, p. 174.
[8] Mémoires, 2014, p. 82.
[9]Albert Wolff, « Le Calendrier parisien », Le Figaro, 3 avril 1876.
[10]Mémoires, 2014, p. 111.
[11] “Exposition des œuvres d’Eugène Boudin“, 1-25 février 1883 : 150 tableaux et 125 pastels et aquarelles.
[12]“Exposition des œuvres de Claude Monet“, 1-25 mars 1883 : 56 œuvres (dont Impression Soleil levant).
[13] “Exposition des œuvres de P.-A. Renoir“, 1-25 avril 1883 : 70 œuvres (dont Le Bal au Moulin de la Galette), préface de Théodore Duret.
[14] “Exposition des œuvres de C. Pissarro“, 1-25 mai 1883 : 70 œuvres.
[15] “Exposition des œuvres d’Alfred Sisley“, 1-25 juin 1883 : 80 œuvres.
[16] Mémoires, 2014, p. 161. Paul Durand-Ruel à propos de la réaction des Américains devant les toiles impressionnistes.
[17] La première participation importante de Paul Durand-Ruel en Amérique a lieu en 1883 à Boston avec l’envoi de 80 œuvres à l’“American Exhibition of Foreign Products, Art and Manufactures“, incluant notamment deux Manet, trois Monet, six Pissarro et trois Renoir.
[18] “La Nouvelle Peinture“ est le titre donné par le critique d’art Louis Edmond Duranty à sa brochure parue en 1876 dans laquelle il met en évidence les nouveautés picturales du groupe d’artistes qui exposent dans les galeries Durand-Ruel.
[19] Monet n’est pas du tout rassuré de voir ses œuvres partir en Amérique comme il l’écrit à Paul Durand-Ruel le 28 juillet 1885 : “Je travaille à outrance, mais de plus en plus péniblement, c’est-à-dire que je deviens très exigeant. J’ai deux toiles auxquelles je travaille depuis un mois, mais j’avoue que certaines de ces toiles, je les verrais à regret partir au pays des Yankees et j’en voudrais réserver un choix pour Paris, car c’est surtout et là seulement qu’il y a encore un peu de goût.“ Archives Durand-Ruel, Paris.
[20] Issue d’une très influente et riche famille originaire de Philadelphie (son frère Alexander Cassatt était le président de la plus importante société de chemins de fer des Etats-Unis, la Pennsylvania Railroad), Mary Cassatt introduit Paul Durand-Ruel auprès des Américains les plus fortunés, les encourageant à bâtir de grandes collections d’œuvres anciennes et impressionnistes. Parmi ceux-ci, citons quelques noms tels Henry O. Havemeyer, William H. Fuller, Erwin Davis, Cyrus J. Lawrence, George I. Seney ou James Stillman. Paul Durand-Ruel est aussi le marchand de Mary Cassatt. Il lui achète son premier tableau en 1881 et l’expose sans relâche dans ses galeries de Paris et New York.
[21] Félix Fénéon, “Les grands collectionneurs, II. M. Paul Durand-Ruel, Le Bulletin de la vie artistique, 15 avril 1920, p. 271.
[22] Le premier numéro est daté du 22 novembre 1890. Coûteuse, cette revue durera moins de deux ans.
[23] D’autres marchands français défendront les impressionnistes, dont les plus importants sont Georges Petit, Ambroise Vollard, Hector Brame, les galeries Bernheim-Jeune et Boussod & Valadon.
[24] Pour citer quelques exemples d’expositions individuelles : avril 1891, Mary Cassatt ; janvier-février 1892, Pissarro (préface de Georges Lecomte) ; mai 1892, Renoir (préface d’Arsène Alexandre) ; novembre 1892, Degas, seule et unique exposition monographique du vivant de l’artiste ; avril-mai 1894, Edouard Manet ou encore en mai 1896, Berthe Morisot (préface de Stéphane Mallarmé).
[25] Les Meules en 1891, les Peupliers en 1892, les Cathédrales de Rouen en 1895, les Nymphéas en 1901 à New York et en 1909 à Paris, les Vues de la Tamise en 1904.
[26] “A Selection from the pictures by Boudin, Cézanne, Degas, Manet, Monet, Morisot, Pissarro, Renoir, Sisley. Exhibited by Messrs. Durand-Ruel & Sons of Paris“, Londres, Grafton Galleries, Janvier-février 1905.
[27]Edmond et Jules de Goncourt, Journal. Mémoires de la vie littéraire. III (1887-1896), Paris, Laffont, 1989, p. 723.
[28] Mémoires, 2014, p. 198. Lettre de Renoir à Paul Durand-Ruel, (novembre 1885)
[29]Cette citation de Geffroy figure dans Georges Lecomte, L’Art impressionniste d’après la collection privée de M. Durand-Ruel, Paris, 1892, p. 36.
[30] “1874 Hommage à Paul Durand-Ruel 1974, Cent ans d’impressionnisme“, Paris, Galerie Durand-Ruel, 15 janvier-15 mars 1974.  Textes de Germain Bazin, Claude Roger-Marx, et John Rewald.
[31] Pour ces archives, voir le site : https://durand-ruel.fr. C’est toujours animée de la même passion que la famille Durand-Ruel se dédie à la gestion de ses immenses Archives afin de continuer à préserver et garantir la réputation des peintres que Paul Durand-Ruel et ses fils ont défendus.  En 2014-2015 se déroule la première exposition internationale d’envergure consacrée à Paul Durand-Ruel avec la participation du musée du Luxembourg à Paris, de la National Gallery de Londres et du Philadelphia Museum of Art. Sylvie Patry, Anne Robins, Christopher Riopelle, Joseph J. Rishel et Jennifer A. Thompson en sont les commissaires. Le catalogue, élaboré avec le concours des Archives Durand-Ruel, est une source importante d’informations sur le marchand.
Avant celle-ci, d’autres expositions ont célébré le marchand, notamment :
1803-1843 : One Hundred and Fortieth Anniversary – Durand-Ruel Galleries, New York, Galerie Durand-Ruel, 15 nov.-4 déc. 1943
1970 One Hundred Years of Impressionism: A Tribute to Paul Durand-Ruel, New York, Wildenstein Galleries, 2 avril – 9 mai 1970, préface de Florence Gould.
Französische Impressionisten: Hommage à Paul Durand-Ruel, Hambourg, Kunstverein, 28 nov. 1970 – 24 janv. 1971, textes de Dr. Hans Platte et Charles Durand-Ruel.
Dernièrement, deux expositions ont mis à l’honneur la troisième génération d’artistes défendue par le marchand : Paul Durand-Ruel et le post-impressionnisme. Albert André, Georges D’Espagnat, Gustave Loiseau, Maxime Maufra, Henry Moret, Yerres, Propriété Caillebotte, printemps-automne 2021. Commissariat assuré par Claire Durand-Ruel Snollaerts et Jacques-Sylvain Klein ; textes de Paul-Louis Durand-Ruel, Caroline Durand-Ruel Godfroy, Christophe Duvivier, Flavie Durand-Ruel Mouraux et Jean-Dominique Jacquemond.
Paul Durand-Ruel y los últimos destellos del impresionismo, Madrid, Fundación MAPFRE, 12 sept. 2024 – 5 janv. 2025. Commissariat assuré par Claire Durand-Ruel Snollaerts ; textes d’Ambroise Guillaume, Caroline Durand-Ruel Godfroy, Christophe Duvivier, Flavie Durand-Ruel Mouraux et Jean-Dominique Jacquemond.
[32]Félix Fénéon, 15 avril 1920, p. 271.

Pour citer cet article

​Claire Durand-Ruel Snollaerts, « Paul Durand-Ruel », Impressionnisme.s [en ligne], mis en ligne le 03 Feb 2025 , consulté le 10 Feb 2025. URL: https://impressionnismes.fr/personalite/paul-durand-ruel/

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Dates clés

Découvrez la bibliographie

  • Georges Lecomte

    L’Art impressionniste, d’après la collection privée de M. Durand-Ruel, 36 eaux-fortes, pointes sèches et illustrations dans le texte, par A.-M. Lauzet

    Paris, impr. de Chamerot et Renouard, 1892

  • auteurs multiples

    Cent ans d’impressionnisme: 1874-1974, hommage à Paul Durand-Ruel [exposition, 15 janvier-15 mars 1974]

    Paris, Galerie Durand-Ruel, 1973

  • Sylvie Patry (s.d.)

    Paul Durand-Ruel. Le pari de l’impressionnisme [exposition, Paris, Musée du Luxembourg, 9 octobre 2014-8 février 2015, Londres, National gallery, 4 mars-31 mai 2015, Philadelphie, Philadelphia museum of art, 24 juin-13 septembre 2015]

    Paris, Rmn - Musée du Luxembourg - Sénat, 2014

Jean-François Millet, L'Angélus, entre 1857 et 1859, huile sur toile, 55,5 x 66 cm, Paris, musée d'Orsay. Source : Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Édouard Manet, La Femme au perroquet, 1866, huile sur toile, 185.1 x 128.6 cm, New York, Metropolitain Museum of Art. Source : https://www.metmuseum.org/art/collection/ Public domain
Edouard Manet, Claire de lune sur le port de Boulogne, huile sur toile, 81,5x101cm, Musée d'Orsay, Paris, France. Source: RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay)/ RMN
Catalogue de la Galerie Durand-Ruel: recueil d'estampes, gravées à l'eau forte, 1873, Paris. Source: archive.org
Claude Monet, La Tamise et le Parlement, 1871, huile sur toile, 47x72,5cm, Londres, National Gallery. Source: National Gallery, Public Domain.
Nadar, Atelier de Nadar au 35, boulevard des Capucines à Paris, 1861-1872, Paris, Bibliothèque nationale de France. Source : BnF - Gallica.
Claude Monet, Le Pavé de Chailly, 1865, huile sur toile, 43,5x59,3cm, Paris, Musée d'Orsay. Source: RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
L'art dans les deux mondes, journal hebdomadaire illustré, n°1, couverture. Source : Gallica / Bibliothèque nationale de France
Edgar Degas, Fin d'arabesque, 1877, peinture à l'huile et à l'essense, pastel sur toile, 67,4x38cm, Paris, Musée d'Orsay. Source: Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais/ Patrice Schmidt.